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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 20:25

 

Cette journée avait commencé comme toutes les autres, dans un mélange de sommeil et d'agitation, de planification et d'insouciance. Elle n'avait rien de particulier

Tiens ? le ciel est bleu...

Il n'y a que dans les films qu'on se lève avec un drôle de pressentiment que quelque chose de grave va se passer à 300 bornes d'ici.

On dit que tout le monde se souvient de ce qu'il faisait quand il a appris l'assassinat de Kennedy ou en voyant les avions percuter les tours jumelles.

J'étais au volant. Il était midi. Le journal – court – à la radio se termine par une dernière minute : des échanges de tir ont eu lieu Boulevard Richard Lenoir, à Paris, dans le 11e arrondissement.

Je me souviens avoir pensé à deux choses : un fait divers de plus de la violence ordinaire. Boarf... Beurk... et aussi que le « Richard Lenoir », ça me faisait penser à « Nini Peau d'Chien ».

C'est mercredi : les enfants rentrent tôt de l'école et il faut leur faire à manger.

Quelques heures plus tard, c'est la réalité qui vous pète à la gueule, qui vous assèche la bouche, qui vous paralyse, vous emballe comme dans de la laine. Mais de la laine de verre. Vous voudriez en sortir, mais plus vous vous débattez, plus ça vous coupe, vous brûle et vous blesse.

Je me souviens alors du jour où j'ai appris la mort de Coluche et du même cortège de sensations. Immédiatement après, je me souviens que le matin même, en voyant ses « Pensées » dans ma bibliothèque, je me suis demandé si on prononce « Volinsski » ou « Ouolinnchki ». Une journée d'insouciance comme une autre, je vous dis.

A présent, je me dis qu'il s'en cogne comme de sa première couche, lui. Et que moi, je n'aurai jamais sa réponse.

Je connais Wolinski parce que j'ai 40 ans et qu'il a été incontournable dans ma jeunesse, comme le furent Reiser, Gotlib ou Franquin. Je connais Cabu parce que, minot, je regardais Récré A2 et que je préférais ses dessins d'un grand dadais un peu ahuri à ceux de Goldorak ou de l'Inspecteur Gadget.

Je ne peux pas dire que j'étais fan, que je les ai suivis à la trace. Par contre, j'ai toujours été en faveur de la liberté d'expression et quand Charlie Hebdo a reproduit les caricatures – aussi célèbres que mauvaises – du journal danois au nom imprononçable, j'ai pris leur parti, parce que Voltaire disait les choses bien mieux que moi : « Je ne partage pas vos opinions, mais je me battrai pour que vous puissiez les défendre. »

Je ne me suis pas abonné à Charlie Hebdo, même en signe de soutien. Parce que s'abonner, c'est s'enchaîner, ce qui n'est pas, vous en conviendrez, le meilleur moyen de militer pour la liberté.

Alors, je me suis contenté de « liker » leur page sur Facebook et je voyais leur couverture hebdomadaire, ainsi que celles auxquelles on a échappé, régulièrement, dans le flot, comme tout le reste. Ô ironie, leur irrévérence me semblait faire partie de mon quotidien. Je marinais dedans, au rythme de mon activisme de salon, dans la torpeur programmée des échanges d'informations organisés pour le profit d'une entreprise de Big Data.

Alors, me direz-vous, si je ne suis qu'un lambda, qu'un anonyme qui n'a pas fait rempart de son corps devant l'innommable, ni hier, ni jamais, pourquoi cette prise de parole ? Pourquoi ces mots ?

Tout d'abord, pourquoi pas ?

Ensuite, parce que je ne veux pas oublier ce 7 janvier 2015. Parce que si j'avais su dessiner, c'est en premier lieu chez Charlie Hebdo que j'aurais envoyé mes croquis et que maintenant qu'il est trop tard pour devenir un héros ou un martyr, il est peut-être, il est enfin temps de se lever de son divan et de se bouger le derche avant de crever dans ses pantoufles.

Mourir assis, encore pire que vivre à genoux...

Je ne veux pas oublier que j'aurai été témoin direct de l'horreur de la liberté assassinée, massacrée par des êtres stupides et lâches, s'appuyant sur la mollesse grandissante de la société non-combattante dans laquelle nous vivotons, pépères.

Plus jamais ça, qu'ils disaient...

Je n'étais pas né quand la junte chilienne a brisé les mains et pris la vie de Victor Jara, je n'ai pas vécu de censure efficace ni de lynchage. Jusqu'à ce 7 janvier 2015.

Est-ce que ce jour marquera le début d'une voie vers un engagement plus marqué ? Sera-ce le catalyseur de l'expression d'indignations – petites ou grandes – dont j'espère que de plus talentueux les reconnaîtront comme valables ?

Je ne sais pas.

Mais je sais que les crétins décérébrés qui ont prétendu rendre hommage à leur prophète se fourrent le doigt dans l’œil jusqu'au coude : ils n'ont pas tué Charlie, ils l'ont rendu immortel. Et ça, ça vaut tous les bras d'honneur du monde, brandis à la face de la bêtise universelle !

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